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Scarabée sacré lorsqu’il sort de la salle en voie d’excavation pour venir palper sa chère pilule et la rapprocher de lui un peu plus.

La conséquence à déduire des faits que je viens de raconter est évidente. De ce que tout Sphex languedocien surpris dans son travail de fouisseur, serait-ce au commencement même de la fouille, au premier coup de tarse donné dans la poussière, fait après, le domicile étant préparé, une courte expédition, tantôt à pied, tantôt au vol, pour se trouver toujours en possession d’une victime déjà poignardée, déjà paralysée, on doit conclure, en pleine certitude, que l’Hyménoptère fait d’abord œuvre de chasseur et après œuvre de fouisseur ; de sorte que le lieu de sa capture décide du lieu de son domicile.

Ce renversement de méthode, qui fait préparer les vivres avant le garde-manger, tandis que jusqu’ici nous avons vu le garde-manger précéder les vivres, je l’attribue à la lourde proie du Sphex, proie impossible à transporter au loin par les airs. Ce n’est pas que le Sphex languedocien ne soit bien organisé pour le vol ; il est, au contraire, magnifique d’essor ; mais la proie qu’il chasse l’accablerait s’il n’avait d’autre appui que celui des ailes. Il lui faut l’appui du sol et le travail de voiturier, pour lequel il déploie vigueur admirable. S’il est chargé de sa proie, il va toujours à pied ou ne fait que de très-courtes volées, serait-il dans des conditions où le vol abrégerait pour lui temps et fatigues. Que j’en cite un exemple, puisé dans mes plus récentes observations sur ce curieux Hyménoptère.

Un Sphex se présente à l’improviste, survenu je ne sais d’où. Il est à pied et traîne son Éphippigère, capture qu’il vient de faire apparemment à l’instant même dans le voisinage. En l’état, il s’agit pour lui de se creuser un terrier. L’emplacement est des plus mauvais. C’est un chemin battu, dur comme pierre. Il faut au Sphex, qui