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LE SPHEX LANGUEDOCIEN




Lorsqu’il a mûrement arrêté le plan de ses recherches, le chimiste, au moment qui lui convient le mieux, mélange ses réactifs et met le feu sous sa cornue. Il est maître du temps, des lieux, des circonstances. Il choisit son heure, il s’isole dans la retraite du laboratoire, où rien ne viendra le distraire de ses préoccupations ; il fait naître à son gré telle ou telle autre circonstance que la réflexion lui suggère : il poursuit les secrets de la nature brute, dont la science peut susciter, quand bon lui semble, les activités chimiques.

Les secrets de la nature vivante, non ceux de la structure anatomique, mais bien ceux de la vie en action, de l’instinct surtout, font à l’observateur des conditions bien autrement difficultueuses et délicates. Loin de pouvoir disposer de son temps, on est esclave de la saison, du jour, de l’heure, de l’instant même. Si l’occasion se présente, il faut, sans hésiter, la saisir au passage, car de longtemps peut-être ne se présentera-t-elle plus. Et comme elle se présente d’habitude au moment où l’on y songe le moins, rien n’est prêt pour