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ment de ce genre énoncé en deux ou trois mots, aurait sur les détails descriptifs, si longs, si pénibles parfois à comprendre. Vous voulez, supposons, me faire connaître le Sphex languedocien, et vous me décrivez tout d’abord le nombre et l’agencement des nervures de l’aile ; vous me parlez de nervures cubitales et de nervures récurrentes. Vient ensuite le portrait écrit de l’insecte. Ici du noir, là du ferrugineux, au bout de l’aile du brun enfumé ; en ce point un velours noir, en cet autre un duvet argenté, en ce troisième une surface lisse. C’est très précis, très minutieux, il faut rendre cette justice à la perspicace patience du descripteur : mais c’est bien long, et puis c’est loin d’être toujours clair, tellement qu’on est excusable de s’y perdre un peu, même alors qu’on n’est pas tout à fait novice. Mais ajoutez à la fastidieuse description seulement ceci : chasse des éphippigères, et avec ces trois mots, le jour aussitôt se fait ; je connais mon Sphex sans erreur possible, lui seul ayant le monopole de pareille proie. Pour donner ce vif trait de lumière, que faudrait-il ? Observer réellement et ne pas faire consister l’entomologie en des séries d’insectes embrochés.

Mais passons et consultons le peu que l’on sait sur le genre de chasse des Sphex étrangers. J’ouvre l’Histoire des Hyménoptères de Lepeletier de Saint-Fargeau, et j’y vois que, par delà la Méditerranée, dans nos provinces algériennes, les Sphex à ailes jaunes et le Sphex à bordures blanches conservent les goûts qui les caractérisent ici. Au pays des palmiers, ils capturent des orthoptères comme ils le font au pays des oliviers. Quoique séparés par l’immensité de la mer, les giboyeurs concitoyens du kabyle et du berbère ont le même gibier que leurs confrères de Provence. J’y vois encore qu’une quatrième espèce, le Sphex africain (Sphex afra), pourchasse des criquets aux environs d’Oran. Enfin j’ai souvenir d’avoir lu, je ne sais plus où, qu’une cin-