Beaux Sphex éclos sous mes yeux, élevés de ma main, ration par ration, sur un lit de sable au fond de vieilles boîtes à plumes ; vous dont j’ai suivi pas à pas les transformations, m’éveillant en sursaut la nuit crainte de manquer le moment où la nymphe rompt son maillot, où l’aile sort de son étui ; vous qui m’avez appris tant de choses et n’avez rien appris vous-mêmes, sachant sans maîtres tout ce que vous devez savoir ; oh ! mes beaux Sphex ! envolez-vous sans crainte de mes tubes, de mes boîtes, de mes flacons, de tous mes récipients, par ce chaud soleil aimé des Cigales ; partez, méfiez-vous de la Mante religieuse qui médite votre perte sur la tête fleurie des chardons, prenez garde au Lézard qui vous guette sur les talus ensoleillés ; allez en paix, creusez vos terriers, poignardez savamment vos Grillons et faites race, afin de procurer un jour à d’autres ce que vous m’avez valu à moi-même : les rares instants de bonheur de ma vie.
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