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décidées. Bien que les insectes aient à lutter contre le faible vent du midi qui souffle, ils prennent, à leur premier essor, la direction du nid. Tous vont au sud après avoir décrit quelques cercles, quelques crochets autour de nous. Il n’y a pas d’exception pour aucun de ceux dont il nous est possible de suivre le départ. Le fait est constaté par moi et mon collègue avec pleine évidence. Mes Chalicodomes mettent le cap au sud comme si quelque boussole leur indiquait le rumb du vent.

À midi, je suis de retour. Aucun des dépaysés n’est au nid, mais quelques minutes après, j’en prends deux. À deux heures, leur nombre est de neuf. Mais voici que le ciel s’obscurcit ; le vent souffle assez fort et l’orage menace. Il n’y a plus à compter sur d’autres arrivants. Total 9 sur 40 ou 22 pour 100.

La proportion est plus faible que les précédentes, variant de 30 à 40 pour 100. Faut-il mettre ce résultat sur le compte des difficultés à vaincre ? Les Chalicodomes se seraient-ils égarés dans le dédale de la forêt ? Il est prudent de ne pas se prononcer : d’autres causes sont intervenues qui peuvent avoir diminué le nombre des retours. J’ai marqué les insectes sur les lieux, je les ai maniés, et je n’affirmerais pas que tous soient sortis bien dispos de mes doigts irrités par les piqûres. Et puis, le ciel s’est fait nuageux, l’orage est imminent. En ce mois de mai, si variable, si capricieux dans la région, on ne peut guère compter sur une journée continue de beau temps. À une matinée superbe rapidement succède une après-midi troublée ; mes expériences sur les Chalicodomes plusieurs fois se sont ressenties de ces variations. Tout bien pesé,