Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

impersonnelle, libre d’allures, exposera ce que j’avais à raconter sur un ton plus académique.

Un trait, entre tous, avait frappé le savant anglais dans la lecture du premier volume de mes Souvenirs entomologiques : c’est la faculté que possèdent les Chalicodomes de savoir retrouver leur nid après avoir été dépaysés à de grandes distances. Qu’ont-ils pour boussole dans ce voyage de retour, quel sens les guide ? Le profond observateur me parlait alors d’une expérience qu’il avait toujours désiré de faire sur les pigeons, et qu’il avait toujours négligée, absorbé par d’autres préoccupations. Cette expérience, je pouvais la tenter avec mes hyménoptères. L’insecte remplaçant l’oiseau, le problème restait le même. J’extrais de sa lettre le passage concernant l’épreuve à essayer :

« Allow me to make a suggestion in relation to your wonderful account of insects finding their way home. I formerly wished to try it with pigeons ; namely, to carry the insects in their paper cornets about a hundred paces in the opposite direction to that which you intended ultimately to carry them, but before turning round to return, to put the insects in a circular box with an axle which could be made to revolve very rapidly first in one direction and then in another, so as to destroy for a time all sense of direction in the insects. I have sometimes imagined that animal may feel in which direction they were at the first start carried. »

En somme, Charles Darwin me propose d’isoler mes hyménoptères chacun dans un cornet de papier, ainsi que je le faisais dans mes premières expériences, et de les transporter d’abord à une centaine de pas dans une