faire, il en médite d’autres pour le lendemain, il se recueille, il sommeille. Cependant l’estomac travaille. De la nourriture avalée sans triage aucun, deux parts sont à faire : la part vraiment nutritive et la part de nulle valeur. Avec le liquide dissolvant qui suinte de sa paroi, l’estomac désosse, écorche et fait la minutieuse séparation. La chair fluidifiée disparaît pour devenir du sang ; une masse informe reste, composée des peaux retournées et garnies de tous leurs poils, des os aussi nets que s’ils avaient été raclés au couteau, des carapaces de scarabées vidées de leur contenu. Cette masse encombrante ne s’engagerait pas sans danger dans les voies digestives. Comment fera l’oiseau pour s’en débarrasser ? Attendons. — Ah ! voici que le hibou s’éveille. Des haut-le-corps grotesques dénotent une anxiété d’estomac ; les efforts redoublent ; quelque chose remonte le long du cou tendu, le bec s’ouvre, c’est fait ; une pelote roule à terre, comprenant les peaux, les os, les élytres, les poils, les plumes, enfin toutes les matières sur lesquelles la digestion n’a pas de prise. Tous les oiseaux de proie nocturnes ont cette abjecte manière de se libérer l’estomac ; ils vomissent en boulettes le résidu de leur proie avalée entière. Si jamais vous en avez l’occasion, examinez les abords du domicile d’un hibou ; les pelotes de petits os et de bourre vous diront de combien de souris, de combien de rongeurs de toute espèce, ces oiseaux nous délivrent.
Louis. — Mais j’en ai vu, de ces pelotes, j’en ai vu dans le voisinage d’un rocher tout blanchi de fiente d’oiseau.
Paul. — Quelque hibou avait là certainement son domicile. La fiente blanche et les pelotes étaient de lui.
XIII
LES RATS
Paul. — Revenons un moment aux rongeurs, habituelle proie des oiseaux nocturnes. Vous êtes loin de les connaître tous, et il nous importe de ne pas les ignorer, car si quelques-uns nous sont utiles, comme le lièvre et le lapin, d’autres, en