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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

ce que je n’oserai certifier ; toutefois il résulte des diverses expériences faites à ce sujet qu’il supporte, avec une surprenante insouciance, la morsure venimeuse du reptile, quand il attaque celui-ci pour en faire friande curée. Un malaise momentané est tout au plus pour lui le résultat de blessures qui certainement mettraient l’homme en péril de mort.

D’autres immunités non moins étranges sont encore son partage. Vous vous rappelez la cantharide, ce magnifique insecte à odeur forte, qui vit sur les frênes et dont les élytresLe hérisson.
Le hérisson.
sont d’un superbe vert doré. Je vous en ai parlé en vous racontant l’histoire des ravageurs.

Jules. — Je sais. L’insecte, séché et réduit en poudre, sert à faire des vésicatoires qui, appliqués sur la peau, déterminent rapidement une plaie.

Paul. — Si la poussière de cantharide ronge si facilement la peau, que ne doit-elle pas faire introduite dans l’estomac ? Quel animal l’avalerait sans corrosion des entrailles, sans d’atroces douleurs suivies d’une prompte mort ? Eh bien, par une exception que je ne me charge pas d’expliquer, le hérisson peut se repaître de cet horrible poison. Un célèbre naturaliste de Russie, Pallas, l’a vu faire un repas avec des poignées de cantharides sans en éprouver d’accident. Pour un mets de cette sorte, il lui faut certainement un estomac fait exprès.