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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

doivent pas nous inspirer une répugnance que rien ne motive, et encore moins une stupide rage d’extermination. Laissons en paix ces pauvres bêtes qui gagnent vaillamment leur vie à défendre nos récoltes ; ne leur faisons pas du mal sous le sot prétexte qu’elles sont laides, car leur prétendue laideur est en réalité un admirable accommodement de la structure au genre de vie de l’animal.

Nous avons en France d’assez nombreuses espèces de chauves-souris, qu’on divise en rhinolophes[1], vespertilions[2] et oreillards. Les rhinolophes ont le nez garni de membranes, de franges, de crêtes d’une ampleur et d’une conformation bizarres. Tel est le fer-à-cheval, dont vous venez d’admirer le nez étrange ; il habite les grottes profondes et les vieilles carrières. Les oreillards se reconnaissent aux dimensions exagérées de leurs oreilles ; ils fréquentent les bosquets et les forêts. Les vespertilions ont le nez et les oreilles de moyennes dimensions. La plupart vivent en société, se cachant le jour dans des réduits obscurs, tels que des creux d’arbre, des trous de mur, des greniers, des cheminées où l’on ne fait pas de feu, des excavations de rochers, des cavernes. Les plus connues sont la sérotine, à pelage roux, qui passe le jour dans les trous caverneux des arbres et recherche les endroits où il y a de l’eau ; la noctule, hôte de nos maisons, qui sort de sa retraite plus tôt que la sérotine et se montre vers le coucher du soleil ; la pipistrelle, la plus petite et la plus commune des chauves-souris, qui fréquente nos greniers et le chaud abri de nos cheminées. C’est cette dernière, seule ou associée à la noctule, que vous voyez voler autour des habitations.

VII

LE HÉRISSON

Dans son jardin, enclos de murs, l’oncle Paul laissait errer une paire de hérissons apportés depuis quelques années

  1. Du grec rhin, nez ; lophos, frange.
  2. Du latin vesper, soir.