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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

même avec les êtres qui, par leur structure, se rapprochent le plus de nous. Ce caractère, c’est la raison, flambeau qui nous guide pour la recherche du vrai ; c’est l’âme humaine, qui seule se connaît elle-même, et seule, par un sublime privilège, a connaissance de son divin Auteur.

Chez les chauves-souris, quatre des cinq os composant notre paume de la main s’allongent outre mesure, ainsi que les doigts correspondants, et forment quatre rayons entre lesquels est tendue la membrane de l’aile comme est tendu le taffetas sur les baleines d’un parapluie. C’est donc surtout aux dépens de la main que l’aile est formée. Pour rappeler ce fait, les savants désignent l’ensemble des mammifères analogues à nos chauves-souris par le nom de chéiroptères[1], signifiant main-aile[2].

Des cinq doigts, un seul, le pouce, reste libre, avec des dimensions qui n’ont rien d’exagéré ; il est en outre armé d’un ongle, d’une griffe. Les quatre autres, dépourvus de griffe, s’allongent pour servir d’appui à la membrane de l’aile. Cette membrane est un repli de la peau, qui part de l’épaule, s’étale entre les quatre longs doigts de la main, et va rejoindre les pattes postérieures, dont les cinq doigts, tous armés d’ongles recourbés en crochet, ne s’écartent pas de la conformation ordinaire. À la faveur de leur pouce libre, les ailes font office de pattes pour marcher, une fois que leur membrane est ployée et serrée contre les flancs. L’animal se cramponne au sol en y enfonçant tour à tour la griffe de droite et la griffe de gauche, puis se pousse en avant avec les pattes postérieures par une suite de culbutes pénibles. La chauve-souris se traîne ainsi avec assez de prestesse pour qu’on puisse dire qu’elle court rapidement ; mais cet exercice l’a bientôt fatiguée ; aussi ne s’y livre-t-elle que lorsqu’elle jouit dans sa retraite d’une parfaite sécurité, ou bien lorsqu’elle s’y trouve contrainte par sa position sur une surface plane qui ne lui permet pas d’étaler les ailes et de prendre l’essor. Au plus vite alors elle gagne un point élevé, d’où elle se précipite. Pour déployer l’embarrassante membrane de leurs ailes et se lancer dans les airs, les chauves-souris ont, en effet, besoin d’un grand espace libre qu’elles ne peuvent obtenir qu’en se laissant tom-

  1. Prononcez : keiroptères.
  2. Du grec cheir, main ; pteron, aile.