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LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

Émile. — Avec un bâton, je saurais bien me défendre.

Paul. — Peut-être. Entre une foule d’exemples, j’en prends un au hasard. Voici ce que dit un auteur très digne de foi.

Deux petites filles, l’une âgée de cinq ans, l’autre de trois, jouaient ensemble, lorsqu’un aigle de taille médiocre se précipita sur la première et, malgré les cris de sa compagne, malgré l’arrivée de quelques paysans, l’enleva dans les airs. Deux mois après, un berger rencontra, gisant sur un rocherLe Cygne.
Le Cygne.
à une demi-lieue de là, le cadavre de l’enfant à moitié dévoré et desséché.

Que vous semble de l’aigle dit royal ?

Jules. — C’est un brigand de la pire espèce.

Paul. — Voulez-vous assister à la chasse de l’aigle, être témoin de sa féroce joie quand il enfonce ses ongles crochus dans les chairs de la proie saisie ? Écoutez ce magnifique récit, dû à la plume d’un ami passionné des oiseaux, Audubon. La scène se passe loin de nos pays, en Amérique ; l’aigle est d’une autre espèce que la nôtre ; n’importe, les mœurs de ces bandits sont les mêmes partout.

« En automne, au moment où des milliers d’oiseaux fuient