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LA PLANTE

l’air, où la tige doit aller. Il y a donc chez les végétaux une obscure ébauche de l’instinct de l’animal. Par des moyens qui resteront, à tout jamais sans doute, le secret de l’ineffable Puissance veillant aux destinées de la création, les plantes discernent les milieux qu’elles doivent habiter. Quelques-unes, destinées à vivre en parasites dans une position quelconque, modifient la direction de leur tige et de leur racine suivant la manière dont la graine s’est trouvée placée au moment de la germination. Les autres, beaucoup plus nombreuses et destinées à vivre implantées dans le sol, dirigent invariablement leur racine de haut en bas et leur tige de bas en haut ; sous la domination de cette tendance inflexible, elles sont assurées de trouver les conditions nécessaires à leur existence. La tige en montant, la racine en descendant, trouveront, la première l’air et le jour, la seconde la fraîcheur et l’obscurité.

D’une manière générale, la racine est donc la partie descendante de la plante ; et la tige, la partie ascendante. La ligne idéale, assez indécise, où la plante cesse d’être tige pour devenir racine, prend le nom de collet.

La racine affecte diverses formes qui se ramènent à deux types fondamentaux. Tantôt elle se compose d’un corps principal ou pivot, qui donne naissance à des ramifications à mesure qu’il plonge plus avant dans le sol. On lui donne alors le nom de racine pivotante. Cette forme appartient aux dicotylédonés. Tantôt elle comprend une touffe, un faisceau de divisions simples ou ramifiées, qui, nées à la même hauteur, marchent à peu près de pair en importance. La disposition en faisceau lui a valu le nom de racine fasciculée. Cette forme appartient aux monocotylédonés. Ainsi, jusque dans le ténébreux domaine du sol, les végétaux à deux cotylédons et les végétaux à un seul adoptent des dispositions différentes. Cette loi cependant souffre d’assez nombreuses exceptions : certaines plantes dicotylédonées, le melon par exemple, perdent la racine pivotante qu’elles avaient à la germination et la remplacent par une racine fasciculée ; d’autres appartenant aux