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STRUCTURE DE LA TIGE MONOCOTYLÉDONÉE

qui, devenues plus étendues par le retrait de l’Océan, devaient être un jour l’Europe. Elles formaient la majeure partie de sombres forêts que n’a jamais égayées le gazouillement des oiseaux, où n’a jamais résonné le pas d’un quadrupède. La terre ferme encore n’avait pas d’habitants. Seule, la mer nourrissait dans ses flots une population de monstres, moitié poissons, moitié reptiles, dont les flancs, en guise d’écailles, étaient vêtus de plaques d’émail. L’atmosphère était irrespirable sans doute, car elle contenait en dissolution, à l’état de gaz mortel, l’énorme masse de charbon devenue depuis la houille. Mais les fougères arborescentes, ainsi que d’autres végétaux leurs contemporains, travaillaient à son assainissement pour rendre la terre ferme habitable. Elles soutiraient à l’air son charbon, l’emmagasinaient dans leurs feuilles et leurs tiges ; puis, tombant de vétusté, faisaient place à d’autres et à d’autres encore qui poursuivaient sans relâche, dans leurs forêts silencieuses, la grande œuvre de la salubrité atmosphérique. L’épuration de l’air fut enfin accomplie et les fougères en arbre périrent. Leurs débris enfouis sous terre, à la suite des révolutions du globe, sont devenus des lits de houille, où des feuilles et des tiges admirablement conservées de forme, se retrouvent abondamment aujourd’hui et racontent, dans leurs archives, l’histoire de cette antique végétation, qui nous a fait une atmosphère respirable et a mis en dépôt, dans les entrailles du sol, les assises de charbon, richesse des nations.