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LA PLANTE

sage, qui a pour but de rendre les fibres du liber facilement séparables du bois. Ces fibres, en effet, sont collées à la tige et agglutinées entre elles par une matière gommeuse très-résistante, qui les empêche de s’isoler tant qu’elle n’est pas détruite par la pourriture. On pratique quelque fois le rouissage en étendant les plantes sur le pré pendant une quarantaine de jours et en les retournant de temps à autre jusqu’à ce que la filasse se détache de la partie ligneuse ou chènevotte. Mais le moyen le plus expéditif consiste à tenir plongés dans une mare le lin et le chanvre liés en bottes. Il s’établit bientôt une fermentation qui dégage des puanteurs malsaines ; l’écorce se corrompt, et les fibres, douées d’une résistance exceptionnelle, sont mises en liberté. On fait alors sécher les bottes ; puis on les écrase entre les mâchoires d’un instrument appelé broye, pour casser les tiges en menus morceaux et les séparer de la filasse. Enfin, pour peigner la filasse de tout débris ligneux et pour la diviser en filaments plus fins, on la passe entre les pointes en fer d’une sorte de grand peigne nommé séran. En cet état, la fibre est filée, soit à la main, soit à la mécanique. Le fil obtenu est soumis au tissage, et c’est fini : l’écorce du chanvre est devenue de la toile, l’écorce du lin est devenue une dentelle princière de quelque cent francs le pan.


IX
Structure de la tige monocotylédonée.

Organisation de la tige d’un palmier. — Structure d’un faisceau ligneux. — Progrès de l’organisation végétale à travers les âges. — Les forêts primitives. — Les fougères arborescentes. — Structure de leur tige. — Origine de la houille.

Dans les tiges monocotylédonées, il n’y a plus de démarcation nette entre le bois et l’écorce. On trouve bien, à l’extérieur des grands arbres dont les semences ont un