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STRUCTURE DE LA TIGE DICOTYLÉDONÉE

se trouvent la moelle externe (6) formée de cellules d’un vert pâle, et l’enveloppe subéreuse dont les cellules sont encroûtées d’un ciment brunâtre (7). Enfin l’épiderme (8) enveloppe le tout.

Voilà pour la tige d’un an, grosse au plus comme le petit doigt. Que se passe-t-il la seconde année et les suivantes ? — Sachons d’abord que les végétaux puisent la nourriture à la fois dans l’atmosphère et dans le sol : dans l’atmosphère par les feuilles, dans le sol par les racines. Mais comme les substances empruntées à la terre ne sont pas les mêmes que les substances empruntées à l’air, l’alimentation aérienne et l’alimentation souterraine ne peuvent se suppléer l’une l’autre ; les deux marchent de pair, également nécessaires. Alors tout bourgeon, enfoui sous terre ou situé à l’air libre, au sommet d’un arbre, doit, lorsque son heure est venue de se mettre au travail, entrer en rapport avec l’atmosphère au moyen de feuilles, et avec le sol au moyen de communications se prolongeant jusqu’aux racines. En ce moment, les jeunes pousses, c’est-à-dire les bourgeons en voie de développement, infiltrent sous l’écorce une substance liquide. Des mille et mille gouttelettes fournies par la communauté entière, résulte, entre l’écorce et le bois, un flux d’humeurs vivantes qui gagne de proche en proche du sommet à la base de l’arbre, s’épaissit, s’organise et finalement devient une couche de bois superposée aux couches analogues des années précédentes. À l’époque de ce flux, au printemps, on dit que l’arbre est en séve. C’est alors que l’écorce, assouplie par les liquides qui la baignent en dessous, se détache facilement des rameaux, et se trouve propre à faire les sifflets, joie de votre âge. Cette humeur, préparée en commun par l’ensemble des bourgeons, pourrait s’appeler le sang de la plante, puisqu’elle sert à former toutes choses dans le végétal, de même que le sang forme et nourrit toutes les parties du corps de l’animal. On lui donne le nom de séve descendante à cause de sa progression du sommet à la base de l’arbre. Le cambium