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LES TROIS EMBRANCHEMENTS DU RÈGNE VÉGÉTAL

par une physionomie à part. Ils se dressent en solennelles pyramides ; leurs branches sont étagées en nappes horizontales ; leurs feuilles, déliées comme des aiguilles, tamisent le jour sans parvenir à faire de l’ombre ; le vent éveille dans leurs rameaux de sauvages harmonies que l’on prendrait pour les lointaines acclamations d’un peuple en fête ; d’âcres senteurs s’exhalent de leur écorce, pleurant la résine ;
Fig. 24. Sapin.
tout enfin concourt à leur donner un aspect exceptionnel parmi les autres arbres de nos climats. Ce sont des vétérans déclassés au milieu de végétaux de création plus récente : ils appartiennent à un autre âge du monde ; ils descendent de la première végétation ligneuse du globe, de cette antique végétation qui, bien longtemps avant l’homme, couvrait la terre d’étranges forêts, aujourd’hui ensevelies dans les entrailles du sol et converties en assises de charbon. À la cellule des plantes inférieures, les conifères ajoutèrent la fibre, mais sans parvenir au vaisseau. De nos jours encore, fidèles à leurs vieux usages, ils ne font pas entrer le vaisseau dans leur organisation.

Les végétaux dominants de l’époque actuelle, depuis les humbles brins de gazon jusqu’aux plus grands arbres, contiennent dans leur structure les trois genres d’organes élémentaires. On leur donne le nom de végétaux vasculaires pour rappeler le vaisseau (vasculum), qui leur est spécial.