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LA PLANTE

science bien imposante, la géologie, sait, avec les débris exhumés des entrailles du sol, remonter en esprit aux premiers âges du monde. Or savez-vous ce qu’elle nous dit au sujet des végétaux ? Elle nous dit que ni le chêne ni le hêtre et autres puissants végétaux ne sont venus les premiers. Sur des rocs calcinés, vomis par la fournaise souterraine, qu’auraient-ils fait à un moment où la terre végétale manquait à leurs racines ! Pour leur préparer le sol, les petits sont venus, en chapelets, en filaments, en lames de cellules, qui dans les eaux, qui sur la roche nue. Patiemment, ils ont émietté le granit ; ils en ont fécondé la poussière de leurs propres débris. De leurs efforts, continués des siècles et des siècles, est résulté un peu de terre végétale, où de nouveaux défricheurs toujours cellulaires, des mousses, des lichens, ont trouvé à s’établir. À ceux-ci, d’autres ont succédé ; le sol, de jour en jour, est devenu plus fécond ; et finalement, la moisissure ayant accompli son œuvre, le chêne a pu venir.

Trois grandes étapes sont à distinguer dans l’évolution de la plante à travers les âges. D’une manière générale, dans la première étape, la cellule se montre seule ; dans la seconde, la fibre s’associe à la cellule ; dans la troisième, le vaisseau complète la série des organes élémentaires et le végétal acquiert toute sa perfection. De nos jours, le monde végétal est un mélange des trois catégories ; ses innombrables espèces sont composées tantôt de cellules uniquement, tantôt de cellules et de fibres, tantôt enfin de cellules, de fibres et de vaisseaux.

Je viens de vous dire quelques mots des végétaux cellulaires, c’est-à-dire dont la charpente a la seule cellule pour élément ; tels sont les champignons, les algues, les mousses, les lichens. Les végétaux formés de cellules et de fibres, à l’exclusion des vaisseaux, constituent le groupe des conifères, ou des arbres résineux qui pour fruits ont des cônes. À ce groupe appartiennent les pins, les cèdres, les mélèzes, les sapins. Les conifères se font remarquer, au milieu de la végétation dominante actuelle,