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LES TROIS EMBRANCHEMENTS DU RÈGNE VÉGÉTAL

très-variées. Les intervalles inoccupés que les cellules peuvent laisser entre elles, surtout dans les tissus lâches, portent le nom de méats intercellulaires. Parfois encore les cellules circonscrivent
Fig. 21. Tissu cellulaire ;
aa, méats intercellulaires.
des intervalles vides, plus ou moins larges, auxquels on donne le nom de lacunes. S’il est composé de fibres, le tissu est qualifié de fibreux ; s’il est composé de fibres et de vaisseaux, il est appelé tissu fibro-vasculaire.

Vous vous rappelez le châtaignier de l’Etna, le colosse que trente personnes se donnant la main ne pourraient embrasser ; vous vous rappelez aussi les monstrueux conifères de la Californie, dont le tronc fournit un tuyau d’écorce où cent quarante enfants trouvent place.
Fig. 22. Tissu fibreux.
Pour constituer les tissus de leur prodigieuse charpente, combien faut-il de fibres, plus déliées qu’un cheveu, et combien de cellules tenant à l’aise sur la pointe d’une aiguille ! Dans un ordre inverse, d’autres merveilles nous attendent. Une cellule, une seule, un point vésiculaire peut former un végétal complet. Et ne croyez pas que ces atomes vivants soient d’une faiblesse en rapport avec leur exiguité. Ils ont la vie robuste, au contraire ; ils prospèrent dans des conditions mortelles pour des plantes mieux organisées.

L’un d’eux, le Protococcus des neiges, brave l’âpreté du climat polaire ; s’il s’aventure dans nos régions, il prend domicile sur les plus hautes montagnes, au sein des frimas éternels. Il recherche le froid, il lui faut des champs de neige pour sol. C’est sur cette couche glacée qu’il naît,