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LA PLANTE

et de séparer après les grains de fécule ainsi mis en liberté. Avec cet effet, la pomme de terre est réduite en pulpe avec une râpe. On dispose cette pulpe sur un linge au-dessus d’un grand verre et l’on arrose avec un filet d’eau tout en remuant. Les grains sortis des cellules déchirées sont entraînés par l’eau à travers les mailles du linge ; la pulpe, trop grossière, reste sur le filtre. Vous avez maintenant un plein verre d’eau trouble. Mais regardez au grand jour. Une foule de points d’un blanc satiné descendent comme neige et se déposent au fond. Dans quelques instants, le dépôt est opéré. Vous pouvez alors jeter l’eau, et il vous reste une matière pulvérulente,
Fig. 20. Fécule de la pomme de terre ; B, Grain de fécule isolé ; C, Cellule remplie de grains.
d’un beau blanc ; c’est la fécule.

Les grains de fécule sont d’une excessive finesse. Les plus volumineux sont ceux de la pomme de terre. Il en faudrait cent cinquante environ pour remplir un millimètre cube. Ceux du blé sont bien moindres : dix mille suffiraient à peine pour faire un millimètre cube. Ceux du maïs devraient être au nombre de soixante-quatre mille pour occuper le même espace ; ceux de la graine de betterave au nombre de dix millions. Cependant ces grains si menus sont fort compliqués. Chacun débute par un point autour duquel un feuillet de matière se dépose, puis un second, un troisième, un quatrième, indéfiniment ; de sorte que le grain parvenu à maturité se compose d’une suite de sacs emboîtés l’un dans l’autre.

La fécule est une réserve alimentaire destinée à servir de première nourriture aux jeunes plantes.

Tout germe, destiné à se développer seul, est approvisionné de fécule. Au moment de l’éveil de la vie, cette substance, par elle-même inerte, insoluble, non nutritive parce que son insolubilité l’empêche de se répandre dans les tissus