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LA PLANTE

étrangères qui masquent sa belle couleur blanche. Cette bourre et cette filasse sont converties en tissus en passant par les métiers de l’industrie ; puis, quand le linge est usé, elles deviennent papier par une dernière métamorphose. Mais alors la cellulose, qui a subi en route tant d’épurations énergiques, est débarrassée de toute matière étrangère. Le papier est donc composé de cellulose pure.

Voilà pour la paroi de la cellule, ainsi que de ses dérivés, la fibre, la trachée, le vaisseau. Voyons le contenu. Les vaisseaux ne contiennent que de l’eau et de l’air. Destinés à porter aux bourgeons l’humidité du sol, ils ne s’obstruent que fort tardivement, lorsque le bois déjà s’altère. Le bois, depuis longtemps hors d’usage dans l’économie végétale, en possède encore avec leur canal libre. — Les fibres ont un autre rôle : celui de consolider l’édifice végétal. Aussi, de bonne heure, elles s’imprègnent d’un ciment tenace, elles s’encroûtent de cette matière dure que je vous ai fait connaître sous le nom de ligneux. — À la cellule reviennent d’autres fonctions, ce qui ne l’empêche pas toujours de se durcir de ligneux. C’est elle qui, incrustée de la dure matière, forme comme des grains de sable dans la chair de certaines poires ; c’est elle aussi qui, pour protéger l’amande, bâtit la coque indomptable de l’abricot et de la pêche. Mais, en général, la cellule est exempte de ligneux ; elle se conserve la paroi souple et perméable pour préparer et emmagasiner, dans sa cavité, une foule de substances, car elle est avant tout la manufacturière de la plante.

Quelques cellules contiennent uniquement de l’air, par exemple les cellules de la vieille moelle du sureau ; d’autres sont gonflées d’un liquide à peine différent de l’eau pure. Il y en a qui renferment des vernis résineux (le pin), des gommes (le cerisier), des jus acerbes (le raisin vert), d’âcres laitages (le figuier), des sirops doux comme miel (la canne à sucre), des poudres farineuses (la pomme de terre), des aromates (l’écorce d’orange), des gouttelettes d’huile (la noix, l’olive), des poisons atroces