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ORGANES ÉLÉMENTAIRES

La plante, elle aussi, décomposée pièce à pièce, se réduit à son brin de laine, c’est-à-dire à quelque chose de simple, de non susceptible de dédoublement ultérieur ; enfin à son organe élémentaire, qui, accumulé en nombre suffisant, forme tout, feuilles et fleurs, graines et fruits, écorce et bois indistinctement. Cette parcelle finale est de même substance dans toutes les plantes et dans toutes leurs parties ; elle est encore de même forme et de mêmes dimensions ou à peu près. Or l’organe élémentaire des plantes est un tout petit globule, si menu qu’il en faudrait pas mal de douzaines pour arriver à la grosseur d’une tête d’épingle. C’est vous dire que, sans microscope, il ne faut pas se promettre de le voir. Ce globule est creux.
Fig. 8. Cellules
du Lis.
Formé d’une délicate membrane close de partout, il ressemble à une outre, à un sac sans ouverture. Pour ce motif, on lui donne le nom de cellule.

La cellule est en quelque sorte le moellon de l’édifice végétal, puisque, empilée par myriades et myriades, suivant tel ou tel ordre, elle forme toutes les parties de la plante. On n’ose croire à l’étourdissante rapidité des végétaux pour créer des cellules et construire avec elles. Une feuille de haricot, une seule, à l’époque de sa croissance, fait pour le moins, par heure, deux mille cellules, aussitôt mises en place, groupées comme il convient. Une citrouille augmente en poids d’un kilogramme et plus par jour, d’un kilogramme de cellules, points invisibles. Le botaniste Jungius parle d’un champignon qui, en une seule nuit, parvint de la grosseur d’une noisette à celle d’une gourde. De la dimension d’une cellule, comparée à la grosseur acquise, Jungius conclut que le champignon s’était accru de soixante-six millions de cellules par minute, ou d’un total de quarante-sept mille millions dans l’intervalle d’une nuit.

Au moment de leur formation, les cellules sont de petits