Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
LA PLANTE

tions de détail. Je vous fais voyager, mon cher enfant, dans un monde nouveau pour vous, le monde des plantes ; aussi pour que chaque chose se classe avec méthode dans votre esprit et se présente sous un aspect riche de clarté, je vous ai conduit tout d’abord sur l’une des hautes cimes de la science. Nous en avons rapporté une vérité, une seule, mais fondamentale et qui nous ouvre désormais des voies fécondes. La plante est un être complexe, une société dont le bourgeon est l’individu. Les individus quelque temps prospèrent, puis dépérissent et meurent, fatale terminaison de tout ce qui vit ; mais avant, ils laissent des successeurs, et les sociétés, toujours rajeunies, poursuivent le cours des siècles, du moins les sociétés fortes, celles des arbres, qui bravent les vicissitudes des saisons, mortelles pour les faibles. Ainsi s’expliquent les prodigieuses antiquités dont je viens de vous donner quelques exemples ; ainsi s’expliqueront bien d’autres faits dont l’examen viendra plus tard. Descendons maintenant de ces hauteurs et venons aux détails. Nous commencerons par l’étude des matériaux dont toute plante se compose.

Examinez avec soin un morceau de drap. Vous apprendrez, si vous ne le savez déjà, que le drap est un tissu de fils entrecroisés, les uns dirigés en long, les autres dirigés en travers. Avec une épingle, défaites le tissu, séparez-en un à un les fils constitutifs. L’étoffe maintenant n’est plus étoffe ; c’est une pincée de fils grossiers. La décomposition peut être amenée plus loin. Prenons un fil en particulier. Il résulte de menus filaments tordus ensemble. Chacun est un brin de laine, un poil de mouton. Nous les isolons l’un de l’autre ; et, cela fait, la décomposition s’arrête : le poil ne se subdivise pas. Eh bien ! le brin de laine est, en quelque sorte, l’organe élémentaire du drap ; c’est lui qui, toujours le même quant à la substance, le même ou à peu près quant à la finesse, constitue, suffisamment répété de fois, d’abord le fil et puis l’étoffe.