Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
LA PLANTE

le secours d’un aide, il est absolument impossible au pollen d’arriver sur le stigmate. L’anthère est située au fond d’une chambre, à l’abri des agitations de l’air ; le stigmate est placé au dehors, à l’entrée. Si le pollen tombe, sa chute se fera sur le plancher de la cavité et non sur le rebord stigmatique, situé à l’extérieur. Mais qu’un insecte survienne et la difficulté disparaît pour faire place à d’admirables combinaisons. Le point-voyant, la bande de velours jaune, est la voie qui mène à l’entrée de la chambre ;
Fig. 162. Iris.
c’est là que se posent invariablement abeilles, mouches et bourdons à la recherche du nectar ; aucun ne se méprend sur la route à suivre dans la fleur qui, par ses étamines cachées et ses styles pétaloïdes, trompe notre propre regard. L’insecte soulève la lame du style, entre et de son dos velu brosse la voûte où est appliquée l’anthère, ouvrant ses loges par la face externe ; il s’avance jusqu’au fond de l’étroite galerie, boit le nectar et sort poudré de pollen. Suivons-le sur une autre fleur. Maintenant le rebord stigmatique de l’entrée agit comme un râteau sur le dos de l’insecte pénétrant dans la chambre, et cueille du pollen sur sa toison. Qui ne reconnaîtrait dans ces merveilleuses harmonies entre la fleur et son auxiliaire, l’insecte, des arrangements combinés par l’éternelle Raison !

Encore quelques mots pour terminer ces curieuses études sur les rapports entre l’insecte et la fleur. Je vous ai fait déjà connaître l’aristoloche siphon, dont la fleur, lavée de jaune et de rouge noir, a la forme d’un fourneau de pipe. Les étamines sont placées de manière à ne pouvoir que très-difficilement laisser parvenir leur pollen