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LA PLANTE

les autres végétaux, le concours d’un pollen venu d’ailleurs est tout aussi fréquent que celui du pollen de la fleur même. Les agents de transport sont les vents et les insectes.

Des innombrables faits que l’on pourrait citer à l’appui de l’envoi du pollen à distance, bornons-nous à celui-ci. Le Jardin botanique de Paris possédait depuis longtemps deux pistachiers à pistils,
Fig. 156. Chatons ou fleurs staminées du Noisetier.
qui chaque année se couvraient de fleurs sans jamais produire de fruits ; il leur manquait, pour fructifier, le concours de la poussière pollinique. Aussi l’étonnement fut grand lorsque, sans motif connu, on les vit, une année, nouer et mûrir parfaitement leurs ovaires. Bernard de Jussieu conjectura qu’il devait se trouver dans le voisinage quelque pistachier d’où était parvenu le pollen. Des recherches furent faites et on trouva qu’en effet, dans une pépinière des environs, un pistachier à étamines avait, à la même époque, fleuri pour la première fois. Apporté par le vent, au-dessus des édifices d’une partie de Paris, son pollen était venu fertiliser les deux pistachiers jusque-là stériles.

Sur la fin de l’hiver, lorsque leurs innombrables chatons sont épanouis, secouons un pin, un cyprès, un noisetier ; nous verrons s’envoler de l’arbre comme une fumée, que la moindre agitation de l’air emporte au loin. Cette fumée, cette poussière pollinique, livrée aux hasards de l’atmosphère, rencontrera peut-être, dans sa