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LA PLANTE

Cela nous reporte juste à l’époque où Samson lâchait dans les moissons des Philistins des bandes de renards traînant à la queue des torches incendiaires.

Au Mexique, nous remontons plus haut ; nous y trouvons un contemporain de Noé. C’est un cyprès en grande vénération chez les indigènes. Il est situé dans le cimetière de Santa-Maria de Tesla, à deux ou trois lieues d’Oaxaca. Fernand Cortez, le conquérant du Mexique, abrita, dit-on, sa petite armée sous son ombrage. Les calculs des botanistes lui attribuent quatre mille ans d’existence.

Dans la Sénégambie, au voisinage du cap Vert, se trouve un arbre étrange, sorte de mauve gigantesque, qui, pour l’âge, l’emporte encore sur le cyprès de Cortez ; c’est le baobab ou adansonie. La tige atteint à peine quatre ou cinq mètres d’élévation, mais elle a de vingt cinq à trente mètres de tour. Cette robuste base n’est pas de trop pour soutenir le couronnement du feuillage, disposé en dôme de deux cents mètres de circuit. Les feuilles sont grandes, laineuses, découpées à la manière de celles du marronnier ; les fleurs ressemblent à celles de la mauve, avec des dimensions plus grandes ; les fruits ont l’aspect de potirons brunâtres, divisés en une quinzaine de tranches. Les nègres donnent à l’adansonie un nom qui signifie l’arbre millénaire. Jamais dénomination n’a été plus justement appliquée. Il résulte, en effet, des recherches d’Adanson, que certains de ces vétérans sénégambiens sont âgés de six mille ans. On se refuserait à croire à une telle antiquité, si les déductions qui la proclament n’avaient l’évidence brutale d’une règle de trois.

En 1749, Adanson observa aux îles de la Magdeleine, près du cap Vert, des baobabs visités trois siècles auparavant par des voyageurs anglais. Ces voyageurs avaient gravé des inscriptions sur le tronc, et ces inscriptions furent retrouvées par le botaniste français recouvertes par trois cents couches ligneuses.

Le baobab produit donc, comme nos arbres, une couche