V
Le Pollen.
Par lui-même, l’ovule ne peut devenir la graine ; sans le secours d’un agent complémentaire, il ne tarderait pas à se flétrir, impuissant à dépasser l’état que je viens de vous décrire. Cet agent complémentaire, c’est le pollen, qui éveille la vie dans l’ovule et y suscite la naissance d’un germe par une mystérieuse coopération qui sera toujours l’un des sujets les plus élevés que puisse agiter la science.
Au moment où la fleur est dans la plénitude de l’épanouissement, le stigmate transpire un liquide visqueux sur lequel se fixent, englués, les grains de pollen tombés des anthères, ou apportés par les insectes et les vents. Ici se reproduisent les faits d’endosmose dont il a été précédemment parlé ; ils se reproduisent, non au sein de l’eau pure, dont l’absorption rapide provoque la rupture du grain, mais à la surface d’une couche d’humidité visqueuse, qui lentement pénètre à l’intérieur et permet à la membrane interne de sortir par les pores en longs tubes polliniques. De sa face en contact avec le stigmate humide, chaque grain émet donc un tube délié, semblable à la fine radicule qui s’échapperait d’une imperceptible semence. Comme une radicule encore, qui s’allonge dans une invariable direction descendante et plonge dans le sol, le tube pollinique traverse l’épaisseur du stigmate, s’engage dans le tissu du style, s’ouvre une voie en écartant un peu les rangées de cellules, s’insinue toujours plus avant et franchit enfin toute la longueur du style, si