Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LA PLANTE

III
Longévité de quelques arbres.

Cause de la longue durée des arbres. — Exemples fournis par les châtaigniers. — Le châtaignier aux cent chevaux. — Longévité de quelques tilleuls. — Le chêne du cimetière d’Allouville. — Âge de quelques ifs. — Le sequoia géant de la Californie. — Le cyprès de Fernand Cortez. — Les baobabs de la Sénégambie. — Le dragonier d’Orotava.

S’il est réellement un être collectif où des générations successives s’échelonnent l’une sur l’autre, l’arbre doit durer très-longtemps et ne périr pour ainsi dire que d’une mort accidentelle,
Fig. 6. Coupe transversale de la tige d’un jeune chêne.
puisque aux vieux bourgeons en succèdent chaque année de nouveaux, qui maintiennent la communauté végétale toujours jeune et toujours riche d’avenir. L’individu périt mais la société persiste, vous disais-je au sujet des polypiers ; et je vous parlais de certains d’entre eux qui, aujourd’hui encore, dans les eaux de la mer Rouge, sont en pleine prospérité bien que leur commencement date peut-être des vieux pharaons. L’individu périt et la société persiste, répéterai-je au sujet de l’arbre ; et je citerai à l’appui certains vieillards du monde végétal qui luttent d’antiquité avec les coraux de la mer Rouge et même les dépassent.

Mais comment d’abord reconnaître l’âge d’un arbre ? Pour les arbres de nos régions, c’est chose des plus simples. Considérez la figure 6, représentant la coupe transversale de la tige d’un jeune chêne. Depuis la moelle, occupant le centre, jusqu’à l’écorce, se comptent six couches circulaires emboîtées l’une dans l’autre, six assises de bois concentriquement superposées. Elles se distinguent fort bien quand le tronc a été coupé avec netteté à l’aide