bulles aériformes qui gagnent le haut du flacon et s’y amassent en une couche gazeuse. En recueillant ce gaz, on constate qu’une allumette y brûle avec beaucoup plus d’éclat qu’à l’air libre ; à ce caractère se reconnaît l’oxygène. Il faut donc que l’acide carbonique dissous dans l’eau ait été décomposé par les feuilles en ses deux éléments, l’oxygène et le carbone. L’oxygène s’est dégagé, le carbone est resté dans le tissu des feuilles.
Le volume d’oxygène ainsi obtenu dépend du volume d’acide carbonique dissous dans l’eau ; et l’expérience forcément s’arrête quand la faible proportion de ce dernier est épuisée. Par le moyen que nous venons d’employer, on ne peut donc recueillir qu’une très-petite quantité d’oxygène, suffisante néanmoins pour reconnaître la nature du gaz. Mais le travail de décomposition des feuilles est en réalité bien plus actif : si rien ne l’entrave dans ses fonctions, une seule feuille de nénuphar donne, en une journée d’été, près de 300 litres d’oxygène. Vous voyez que les quelques centimètres cubes de gaz obtenus dans notre expérience sont loin d’être la mesure de l’activité chimique de la plante. Renouvelons peu à peu, à mesure qu’elle s’épuise, la provision d’acide carbonique dissous dans l’eau, et nous obtiendrons un plus grand volume d’oxygène. À cet effet, nous répéterons la curieuse expérience imaginée par Decandolle. Dans l’eau d’une même cuvette, on renverse à côté l’un de l’autre deux flacons à large goulot, l’un plein d’acide carbonique, l’autre plein d’eau dans laquelle nage une plante aquatique. Le tout est exposé à la lumière du soleil. Par l’intermédiaire de l’eau qui le dissout, le gaz carbonique du premier flacon passe peu à peu dans le second, à mesure que la plante décompose celui du liquide qui l’entoure. L’eau baignant les feuilles renouvelle ainsi sa provision de gaz dissous, et le travail chimique se poursuit des journées entières. On peut suivre du regard les progrès de la décomposition. Chaque jour on voit l’eau monter un peu plus dans le