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LA PLANTE

proche, en communiquant entre eux, déboucher dans cette chambre, sorte de vestibule d’attente où s’amassent les produits gazeux des feuilles avant de s’exhaler dans l’atmosphère par l’orifice du stomate, où s’emmagasinent provisoirement aussi les substances gazeuses puisées dans l’air avant de se rendre aux cellules, pour y subir le merveilleux travail dont je vous parlerai plus tard. La chambre aérienne est ainsi un carrefour, un réservoir pour les matériaux gazeux qui sortent des cellules ou doivent y pénétrer ; le stomate, ouvert dans la couche épidermique qui lui sert de plafond, est la porte d’entrée et de sortie. Divers couloirs en partent, tortueux, rétrécis, utilisant le moindre intervalle entre les cellules ;
Fig. 106. Coupe d’une feuille submergée de Potamot, sans épiderme et de criblée larges lacunes.
de ça et de là, sur le trajet de ces couloirs, s’ouvrent les vides plus spacieux des méats intercellulaires.

Cette structure nous permet déjà de nous rendre compte de la transpiration des feuilles. Chaque cellule, dans l’épaisseur du parenchyme, est remplie d’un liquide pour la majeure partie formé d’eau ; elle est en outre entourée de lacunes pleines d’air. À travers sa mince membrane, perméable aux liquides, la cellule transpire en saturant d’humidité la petite atmosphère qui l’entoure ; puis l’air humide, chassé lentement d’un méat intercellulaire à l’autre, arrive tôt ou tard à quelque chambre aérienne qui l’exhale au dehors par la bouche du stomate. C’est ainsi qu’au moyen des vides dont le parenchyme est tout criblé et des innombrables stomates ouverts dans l’épiderme, chaque cellule de la feuille, si profondément située qu’elle soit, est néanmoins en rapport avec l’air extérieur pour ses continuels échanges gazeux.