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LA PLANTE

moindre dans les anciennes mers, d’où nos continents sont sortis. Certaines assises du globe, certaines chaînes de montagnes, sont formées de polypiers ; dans telles étendues du sol de la France, on ne marche que sur de vieux coraux ; bien des villes sont bâties avec une pierre dont le moindre fragment renferme des débris de madrépores.

Cette histoire préliminaire de l’hydre et du corail nous amène directement au but, à la plante, dont j’avais à cœur de vous dévoiler tout d’abord l’organisation fondamentale. Cette organisation, qui nous expliquera plus tard une foule de faits sans elle inexplicables, peut se résumer ainsi : un végétal est comparable à un polypier couvert de ses polypes ; ce n’est pas un être simple, mais un être collectif, une association d’individus, tous parents, tous étroitement unis, s’entr’aidant les uns les autres et travaillant à la prospérité de l’ensemble ; c’est, de même que le corail, une sorte de ruche vivante dont tous les habitants ont la vie en commun.


II
L’Individu végétal.

Bourgeons. — Individu. — L’arbre est un être collectif. — Preuves tirées de la vigne et du saule pleureur. — Le bourgeon est l’individu végétal. — Documents fournis par la taille des arbres et la greffe. — Définition de Dupont de Nemours.

Prenez un rameau de lilas ou de n’importe quel autre arbuste ; dans l’angle formé par chaque feuille et le rameau, angle qu’on nomme aisselle de la feuille, vous verrez un petit corps arrondi, revêtu d’écailles brunes. C’est là un bourgeon, ou, comme disent les jardiniers, un œil. Il est destiné à devenir un rameau implanté sur le premier, de même que ces autres bourgeons, les verrues nées sur le corps de l’hydre et du polype, deviennent d’autres hydres, d’autres polypes implantés sur l’animal-souche. Eh bien ! ce bourgeon, et par conséquent le rameau qui doit