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LA PLANTE

ment étalées. On touche légèrement une foliole, une seule, celle par exemple de l’extrémité. Aussitôt cette foliole se redresse obliquement, sa compagne du côté opposé en fait de même, et les deux viennent s’appliquer l’une contre l’autre par la face supérieure, au dessus du pétiole. L’impulsion donnée se propage plus loin. La seconde paire de folioles se meut comme la première, la troisième en fait autant, puis la quatrième, la cinquième, si bien que, de proche en proche
Fig. 96. Deux feuilles de Sensitive, l’une étalée, l’autre ployée.
et chacune à son tour, d’après l’ordre de succession, toutes se redressent et se couchent l’une sur l’autre.

La propagation de l’ébranlement peut suivre une marche inverse. Si l’on touche une foliole à la base de la double rangée, les autres se replient par ordre, d’arrière en avant de la feuille. L’impression est donc transmise, dans un sens comme dans l’autre, de la foliole ébranlée aux folioles suivantes. Si l’événement a peu de gravité, les trois ou quatre paires voisines du point atteint se replient, les autres ne remuent pas. Si le choc est plus rude, les folioles se replient d’un bout à l’autre, les pétioles partiels se rassemblent en un faisceau, le pétiole commun pivote sur son point d’attache et s’infléchit sur la terre. Enfin si la secousse est violente, toutes les feuilles se ferment à la hâte, prennent un aspect fané et pendent, comme mortes, le long de la tige. Dans tous les cas, le trouble est momentané. Le calme revenu, les pétioles tournent lentement sur leur base, les feuilles se redressent et les folioles s’étalent. Dans les brûlantes plaines