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LA PLANTE

Lorsque la plante est aquatique, ses feuilles aériennes diffèrent fréquemment de ses feuilles submergées. Nous en avons un remarquable exemple dans certaines renoncules à petites fleurs blanches qui peuplent les mares au premier printemps. Leurs feuilles supérieures, surnageant au-dessus de l’eau, sont simplement lobées ; leurs feuilles inférieures, totalement immergées, sont divisées en délicates houppes. Les feuilles, nous le verrons plus tard, sont les organes respiratoires
Fig. 81. Mûrier à papier.
de la plante. Dans l’eau, où les principes gazeux qu’elle doit respirer sont plus rares qu’à l’air libre, la feuille est déchiquetée en fines lanières pour avoir une plus grande surface d’absorption. Pareillement, les branchies, ou l’appareil respiratoire des poissons, sont composées de nombreuses petites lamelles qui s’étalent dans la cavité des ouïes au contact vivifiant de l’eau aérée. La sagittaire fréquente le voisinage des eaux, parfois elle est même immergée. Lorsqu’elles se développent dans l’air, ses feuilles ont la forme d’un fer de flêche porté sur um long pétiole, ce qui a valu son nom à la plante (sagitta, flêche) ; lorsqu’elles sont plongées dans le courant, elles prennent la forme d’étroits rubans d’un mètre de longueur et plus.