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LA PLANTE

du second. On incise d’entailles correspondantes les parties qui doivent être mises en contact ; on fait exactement coïncider les tissus jeunes et vivants, le cambium et le tissu cellulaire de l’écorce ; au moyen de ligatures, on maintient le tout en place, et l’on abandonne les deux blessures rapprochées au lent travail de la vie. Nourrie par sa propre tige dont elle n’est pas encore séparée, la branche à transplanter mélange sa séve à la séve du support ; de part et d’autre des tissus s’organisent pour cicatriser les plaies, se juxtaposent, se soudent entre eux, et tôt ou tard la branche fait corps avec la tige étrangère. Il faut maintenant sevrer la greffe, c’est-à-dire la priver peu à peu de l’alimentation que lui fournit sa propre tige et l’habituer au régime de la nourrice
Fig. 68. Greffe en fente.
qu’on lui a donnée artificiellement. On y parvient, comme pour une simple marcotte, au moyen d’entailles graduelles ou de ligatures pratiquées en dessous de la soudure. Quand on juge que la branche puise toute sa nourriture dans le nouveau support, on la sépare de la plante mère.

La greffe par rameaux correspond au bouturage. Elle consiste à transplanter sur une nouvelle tige un rameau détaché de la plante mère. La méthode la plus usitée est celle des greffes en fente. Un mauvais poirier, je suppose, est dans votre jardin, venu de semis ou apporté de son bois natal. Vous voulez lui faire produire de bonnes poires. La marche à suivre est celle-ci. On tranche net la tête du sauvageon, et dans le tronçon en terre on fait une profonde entaille. Puis on prend sur un poirier d’excellente qualité un rameau muni de quelques bourgeons. On taille son extrémité inférieure en biseau et l’on implante la greffe dans la fente du sujet, bien exactement écorce contre écorce, bois contre bois. On rapproche le tout par des ligatures et l’on recouvre les plaies de mastic, ou, à