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LA GREFFE

pourvu d’un germe et d’au moins une racine nourricière, reproduit un pied de dahlia.

Le rôle des racines tubéreuses est dans toutes les plantes le même que dans le dahlia : au moyen de provisions mises en réserve dans leur masse charnue, elles viennent en aide aux bourgeons qui survivent à la mort de la tige. L’homme utilise, pour son alimentation, divers de ces réservoirs nourriciers ; il sait même, par son industrie, en provoquer la formation dans des plantes qui, livrées à elles-mêmes, n’en produiraient pas ou n’en donneraient point d’aussi riches.


XV
La greffe.

Greffe. — Condition première du succès. — Idées erronées sur la greffe. — Greffe par approche. — Greffe en fente. — Greffe en couronne. — Greffe en écusson. — Greffe en flûte. — Origine des végétaux cultivés. — Pomme de terre sauvage. — Chou des falaises. — Poirier sauvage. — Lambrusque. — Retour à l’état sauvage. — Importance de la propagation par greffe, bouturage et marcottage. — Utilité du semis.

Un bourgeon, ou bien le rameau qu’il donne en se développant, est une unité, un individu de l’association végétale ; il a sa vitalité propre, il constitue un plant distinct qui, au lieu de prendre racine dans la terre, prend racine sur la branche qui l’a produit. Ce principe fondamental nous a rendu compte de l’émigration de certains bourgeons, comme les bulbilles de l’ail, du safran et du lis bulbifère, qui se détachent de la plante mère et deviennent, au moyen de leurs racines adventives, autant de plantes indépendantes l’une de l’autre. Le même principe donne raison du bouturage et du marcottage, opérations qui détachent le rameau de sa branche, où il s’abreuvait de séve, pour le transplanter en terre, où de lui-même il doit puiser les sucs nutritifs. Il explique enfin la greffe,