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LA PLANTE

tué en valeur pareille pour les besoins de l’avenir.

On n’est pas d’accord sur la nature des tubercules des orchidées ; les uns y voient des racines, les autres des rameaux souterrains. Racine ou rameau, peu importe au fond ; ce double tubercule, dont le plus vieux transvase en quelque sorte sa substance dans le plus jeune avant de périr, n’en est pas moins un exemple remarquable des moyens mis en œuvre par la plante pour assurer l’avenir à sa descendance. Dans beaucoup de végétaux d’ailleurs, la racine est chargée de la haute fonction d’amasser des vivres et de les tenir en réserve pour la génération future,
Fig. 67. Racine tubéreuse du Dahlia.
comme le fait le rameau gonflant son axe en tubercule, ou bien épaississant ses écailles en bulbe. La racine renflée en réservoir alimentaire à l’usage des bourgeons prend le nom de racine tubéreuse. Comme exemples, je vous citerai celles du dahlia, de la carotte, de la betterave, du navet.

Considérons en particulier la racine du dahlia. Au premier aspect, rien de plus analogue à un paquet de pommes de terre que ce faisceau de tubérosités. Mais remarquez qu’ici il n’y a pas d’écailles, qu’il n’y a pas d’yeux. Ces renflements ne sont donc pas des tubercules ; ce sont des racines tubéreuses. Pendant tout l’été, tout l’automne, le dahlia se couvre de grandes et magnifiques fleurs. Les froids venus, la partie aérienne de la plante périt ; mais quelques bourgeons persistent, tout à la base de la tige, avec le paquet de racines tubéreuses qui doivent, l’année suivante, les alimenter. Ces racines sont extraites de terre et tenues au sec, à l’abri des gelées. Au printemps, on divise la touffe commune en autant d’éclats qu’il y a de bourgeons dans le tronçon de tige qui la surmonte ; et chaque éclat,