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BOURGEONS ÉMIGRANTS

selle de ses minces enveloppes se trouvent des bourgeons, dont les plus vigoureux sont les supérieurs suivant la règle habituelle. L’amas alimentaire destiné à ces bourgeons se trouve donc ici dans la tige elle-même, devenue réservoir obèse de fécule, et non dans les feuilles, qui restent de fines et arides enveloppes ; sous ce rapport, l’organe nourricier des bourgeons est un tubercule. Mais d’autre part, cet organe est étroitement enveloppé par la base persistante des vieilles feuilles, ainsi que cela se passe dans l’oignon et tous les bulbes tuniqués.
Fig. 64. Bulbe du Safran.
r, racines ; b, bulbe solide ; c, bourgeons développés en nouveaux bulbes ; f, feuilles.
Sous ce nouvel aspect, la partie souterraine du safran est un bulbe. Pour rappeler ce double caractère, on lui donne le nom de bulbe solide. C’est un bulbe à cause de ses tuniques ou enveloppes engaînantes, bases arides des vieilles feuilles ; mais au lieu de se subdiviser en écailles charnues, ce bulbe est solide, compacte, c’est-à-dire porte la masse alimentaire dans l’axe lui-même, dans la tige changée en tubercule. Mis en terre, le bulbe solide du safran émet par sa base un faisceau de racines, tandis que le bourgeon terminal se développe en feuilles et en fleurs. En même temps, les bourgeons axillaires donnent un faisceau de feuilles et se renflent à la base en autant de bulbes implantés sur le premier. Pour nourrir toute cette lignée, le bulbe mère graduellement s’épuise, se ride, se flétrit et n’est plus, quand la végétation est terminée, qu’une dépouille inerte. Mais alors, enrichis de sa substance, les jeunes bulbes ont pris tout leur accroissement ; ils se séparent l’un de l’autre et recommencent chacun, l’année suivante, les mêmes phases d’évolution.

La substance amassée en réserve dans les écailles char-