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LA PLANTE

plante ; c’est un pied de corail. Vous connaissez les belles perles rouges avec lesquelles on fait des colliers. On vous a dit que c’était du corail. Fort bien ; mais, avant d’être façonné en perles par la main de l’ouvrier, sachez que le corail a la forme d’un petit arbuste d’un rouge vif, avec tige, branches et rameaux. Seulement, l’arbrisseau n’est pas en bois : il est en pierre aussi dure que le marbre, ce qui ne l’empêche pas de se couvrir, au fond de la mer, d’élégantes petites fleurs. Or ces prétendues fleurs épanouies sur des rameaux de pierre sont en réalité des animaux, dont le corail est la demeure commune, l’habitation, le support. On les appelle des polypes. Leur organisation est calquée sur celle de l’hydre.
Fig. 3. Un polype du corail.
Chacun d’eux est un globule creux de matière gélatineuse, un petit sac dont l’orifice est bordé de huit lamelles frangées, de huit tentacules s’épanouissant comme les pétales d’une fleur. À part la forme un peu différente, vous reconnaissez dans l’habitant du corail la structure générale de l’hydre. C’est toujours une poche digestive fixée par la base et couronnée de huit bras propres à saisir une proie. Tel qu’il est dans la mer, le corail est revêtu d’une écorce molle criblée d’une foule d’enfoncements cellulaires, dans chacun desquels un polype est logé. Au-dessous de cette écorce vivante se trouve le support pierreux, d’un rouge vif.

Bien que cantonnés chacun dans une cellule spéciale et doués d’une existence propre, les polypes d’un même pied de corail ne sont pas étrangers l’un à l’autre. Ils communiquent tous par l’estomac : ce que l’un digère profite à tous. Avec leurs bras frangés épanouis en rosette, les polypes happent au passage, comme le fait l’hydre, les particules nutritives amenées par les eaux. Le