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LES BOURGEONS

nérations et tue la plante entière. Les plantes annuelles se ramifient donc rapidement. En une année, elles produisent plusieurs générations de rameaux implantés les uns sur les autres, tantôt plus, tantôt moins, suivant leur espèce et leur degré de vigueur. Leurs bourgeons, destinés à se développer immédiatement, sont toujours nus. Les végétaux de longue durée, les arbres, se ramifient, au contraire, avec lenteur ; ils n’ont qu’une génération de rameaux par année, et leurs bourgeons, destinés à passer l’hiver, sont écailleux.

Certains végétaux associent les deux genres de bourgeons : les bourgeons écailleux qui perpétuent la communauté d’une année à l’autre malgré les frimas, et les bourgeons nus, qui rapidement prennent part au travail général. Tels sont, par exemple, le pêcher et la vigne. À la fin de l’hiver, le sarment porte des bourgeons écailleux, matelassés de bourre ; et les rameaux du pêcher, des bourgeons écailleux, enduits de vernis. Les uns et les autres rentrent dans la catégorie des bourgeons dormants ; ils ont reposé tout l’hiver dans leur étui de fourrures et d’écailles. Au printemps, ils s’allongent en rameaux, suivant la loi commune ; en même temps, à l’aisselle de leurs feuilles, d’autres bourgeons se montrent dépourvus d’enveloppes protectrices et se développent sans tarder en rameaux. La vigne et le pêcher ont ainsi deux générations en une seule année : la première, issue de bourgeons écailleux qui ont passé l’hiver ; la seconde, de bourgeons nus formés au printemps même et connus des arboriculteurs sous le nom de prompts bourgeons. Les ramifications provenant de ces derniers donnent enfin naissance à des bourgeons écailleux, qui dorment l’hiver et reproduisent, l’année suivante, le même ordre de faits.

Après cet exposé de l’histoire générale des bourgeons, arrêtons-nous un moment sur quelques faits de la pratique agricole. Sauf de bien rares exceptions, chaque feuille, vous ai-je dit, porte un bourgeon à son aisselle, parfois même plusieurs. Or, pour ces divers bourgeons axillaires,