Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LA PLANTE

roulent en volute tantôt sur un bord seul, tantôt sur les deux ; elles se plient en deux soit en long, soit en large ; elles se pelotonnent, se chiffonnent on se plissent en éventail. On donne à l’arrangement des feuilles dans le bourgeon le nom de préfoliation.

Les bourgeons, apparus au printemps, se fortifient pendant la belle saison pour rester ensuite stationnaires et en quelque sorte dormir, tout l’hiver, d’un profond sommeil. Ils se réveillent au printemps suivant et s’allongent en rameaux. Il est visible que ces bourgeons dormants, c’est ainsi que les appelle l’arboriculture dans son langage imagé, il est visible que ces bourgeons, destinés à supporter les chaleurs de l’été et les frimas de l’hiver, doivent être vêtus de manière à ne pas être grillés par le soleil ou meurtris par le froid. Ils sont tous, en effet, couverts d’une enveloppe d’écailles, et pour cette raison on leur donne le nom de bourgeons écailleux. Exemples : le lilas, le marronnier, le poirier, le pommier, le cerisier, le peuplier et à peu près enfin tous les arbres de nos pays.

Mais si l’arbre peut attendre et donner tout une année au développement de ses bourgeons, revêtus en conséquence d’un étui d’écailles, il est une foule de plantes pour qui le temps est très-limité : elles ne vivent qu’un an, aussi les appelle-t-on plantes annuelles. Telles sont la pomme de terre, la carotte, la citrouille, et tant d’autres. En quelques mois, quelques jours, à la hâte, elles doivent développer leurs bourgeons. Ceux-ci, n’ayant pas à traverser l’hiver, ne sont jamais enveloppés d’écailles protectrices ; ce sont des bourgeons nus. Aussitôt apparus, ils se mettent à l’œuvre, ils s’allongent, déploient leurs feuilles et deviennent des rameaux participant au travail de l’ensemble. Bientôt, à l’aisselle de leurs feuilles, d’autres bourgeons se montrent pour se comporter de même, c’est-à-dire se développer sans retard en rameaux et produire à leur tour d’autres bourgeons. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’hiver mette fin à cet échafaudage de gé-