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LA PLANTE

en deçà du point enraciné. Chacune d’elles, transplantée à part, est désormais un végétal distinct. Cette opération se nomme marcottage, et les divers plants détachés de la souche première se nomment marcottes.

Le succès par ce procédé est mieux assuré que par le bouturage, qui, sans préparation aucune, prive brusquement le rameau de la nourriture fournie par la tige et l’oblige à se suffire immédiatement à lui-même. De tout temps le marcottage a été employé pour la multiplication de la vigne.
Fig. 50. Marcottage à l’aide d’un cornet de plomb.
Dans ce cas particulier, les rameaux couchés en terre se nomment provins, et l’opération elle-même porte le nom de provignage.

D’autres végétaux, le laurier-rose par exemple, n’ont pas assez de flexibilité dans leurs ramifications pour se prêter au marcottage tel qu’il vient d’être décrit : la branche casserait si l’on essayait de la couder pour la coucher en terre. Quelquefois enfin la ramification est située trop haut. Alors un pot fendu en long ou un cornet de plomb est appendu à l’arbuste, et la branche à marcotter est placée dans le pot ou le cornet suivant son axe. Le pot est ensuite rempli de terreau ou de mousse, que l’on maintient humide par de fréquents arrosements. Dans ce milieu toujours frais, des racines adventives tôt ou tard apparaissent. On procède alors à une sorte de sevrage du rameau, c’est-à-dire qu’on fait au-dessous du cornet une section légère qu’on approfondit davantage de jour en jour. On a ainsi pour but d’habituer peu à peu la plante à se passer de la tige mère et à vivre par elle-même. Enfin un coup de sécateur achève la