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RACINE ADVENTIVES

bord de l’eau : saules et peupliers. Par son extrémité amputée, le rameau est mis en terre, en un lieu frais, ombragé, où l’évaporation soit lente et la température douce. L’abri d’une cloche en verre est souvent nécessaire pour maintenir l’atmosphère ambiante dans un état convenable d’humidité, et empêcher le rameau de se dessécher avant d’avoir acquis les racines qui lui permettront de réparer ses pertes. Pour plus de sûreté, si le rameau est très-feuillé, on enlève la majeure partie des feuilles inférieures afin de réduire autant que possible les surfaces d’évaporation, sans compromettre la vitalité du plant, qui réside surtout dans la partie supérieure. Mais dans bien des cas, ces précautions sont inutiles ; ainsi pour multiplier la vigne, le saule, le peuplier, on se contente d’enfoncer en terre le rameau détaché. Dans tous les cas, l’extrémité plongée dans le sol humide ne tarde pas à émettre des racines adventives, et désormais le rameau se suffit à lui-même et devient un plant indépendant.

Les végétaux à bois tendre, à tissus gorgés de suc, sont ceux qui prennent de bouture avec le plus de facilité ; tels sont le saule, dont le bois est si mou, et le pélargonium, habituel ornement de nos parterres, dont la tige est en majeure partie formée de tissu cellulaire charnu. Les végétaux à bois compacte et dur sont, au contraire, de reprise très-difficultueuse, impossible même. Ainsi le bouturage échouerait infailliblement avec le chêne, le buis et une foule d’autres végétaux à tissu ligneux serré.

Quelques plantes, et de ce nombre est l’œillet, poussent à la base de la tige mère des ramifications droites et souples qui peuvent servir à obtenir autant de plants nouveaux. On couche ces rameaux en leur faisant décrire un coude, que l’on fixe dans la terre avec un crochet ; puis on redresse l’extrémité, que l’on maintient verticale avec un tuteur. Le coude enterré émet tôt ou tard des racines adventives, et d’ici là la souche mère nourrit le rameau. Lorsque les parties enterrées ont produit un nombre suffisant de racines adventives, on tranche les ramifications