défendant. Toujours est-il qu’on le trouva mort, trois jours après mon fatal cadeau, et qu’on fut obligé de l’enterrer dans ma chemise, faute d’en pouvoir faire sortir sa dépouille mortelle.
Le mot de mon coiffeur me rappelle celui de mon bottier, l’illustre Perrin-Leguay. À mon retour à Paris, après quelques années d’absence, je lui envoyai ma commande, en lui rappelant qu’il avait ma mesure.
— Oui, répondit-il à mon commissionnaire, j’avais sa mesure, mais on m’aura gâté son pied en Amérique.
Et il ne voulut rien faire avant d’avoir revu mon pied.
Un autre mot de lui achèvera de le peindre. Un de mes amis qui avait fait un long séjour à Paris, sur le point de revenir au Canada, alla lui confier une dernière commande. Perrin-Leguay lui demanda la faveur de voir encore une fois son pied et après l’avoir longtemps regardé, il s’écria d’un air triomphant :
— Vous rappelez-vous le pied que vous aviez en arrivant d’Amérique ? Comme je l’ai formé !
Mais je m’attarde en ces gais souvenirs, je reviens à mon sujet.
J’ai hâte de voir s’ouvrir le Musée de la gaîté canadienne : j’y glisserai volontiers quelques statuettes.
C’est peut-être dans les conversations des curés que l’on trouverait le plus d’éléments pour composer ces légères esquisses de personnages, qui ont acquis une sorte de célébrité gaie et dont le nom ne saurait être prononcé dans une réunion ecclésiastique, sans faire naître à l’instant sur les lèvres mille plaisantes anecdotes et une gaîté bruyante. Qui n’a entendu parler bien des fois du père O’Neile, par exemple ?
On trouverait aussi beaucoup à puiser dans les souvenirs des avocats qui suivaient les Cours de Circuit à la campagne, du temps où les Circuits n’avaient point encore vu disparaître leur physionomie désopilante sous leur éclat légal. Il faudrait