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ter avec MM. Denneval, qui lui ont promis de le faire aussi avec lui. Ils ont resté ensemble deux jours à Sauzet. MM. Denneval en sont partis, le vendredi, pour retourner au Malzieu et se disposer à la battue, qu’ils avaient ordonné pour avant-hier dimanche.

« M. Antoine paraît un très galant homme, plein de zèle et d’intelligence et disposé à mettre toute l’activité possible dans l’exécution de la commission dont il est chargé. Il la trouve difficile à remplir, soit par la nature du pays, soit par tout ce qu’on lui apprend de l’agilité de la Bête et de ses ruses ; il espère cependant que si lui ou ses gens parviennent à la détourner, ils réussiront à la détruire.

« Depuis le 21 juin, elle n’a fait aucun ravage quoiqu’elle se soit montrée en plusieurs endroits.


MM. Denneval et Antoine paraissaient donc être dans les meilleures dispositions l’un pour l’autre, et devaient chasser de commun accord. C’est bien cette fois qu’allait sonner la dernière heure de la Bête !


« Nous nous sommes rejoints avec bien du plaisir avec M. Antoine pour concerter ensemble les moyens les plus sûrs et les plus prompts pour tâcher enfin de venir à bout de la malheureuse bette qui fait icy notre objet…

« … On nous a appris que hier, deuxième de juillet, sur le chemin de Mande icy, entre Serverette et Saint-Amand (corr. : St-Alban), sur les midy à une heure, la bette avoit paru tout à coup dans le grand chemin, où le courrier qui sen revenoit de Mande icy, avec un autre homme d’environ soixante et plus, le courrier peut en avoir de quarante-cinq à cinquante, ils suivoient le cheval, le courier râpoit du tabac ayant sa baïonnette sous le bras, la bette tomba sur le cheval devant eux deux, luy fit deux blessures distantes de quatre pouces de l’une à l’autre, celle de dessus a six dois et demie environ dessendant de la croupe à la fesse et l’autre un pouce et demie de large, et autant de profondeur, dans ce moment le courier laissa tomber sa tabatière et s’étant saisy de sa baïonnette il en porta un coup dans la quisse de la bette dont il luy a tiré du sang, le fait est vray,