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l’honneur de vous en informer, et je viens de passer sept jours avec lui à l’extrémité du Gévaudan, sur la frontière d’Auvergne. Mes premières dispositions ont été de loger M. Antoine et M. son fils, leur domestique et les quatorze gardes-chasses ou valets de limiers qu’il a avec lui, dont huit ont été pris dans les capitaineries du Roi et les six autres appartenant à Leurs Altesses sérénissimes Mgr le duc d’Orléans, Mgr le prince de Condé, Mgr le duc de Penthièvre.

« Comme les paroisses que la Bête féroce paraît fréquenter aujourd’hui le plus sont celles de Ventuejols, où elle a fait les derniers malheurs et de la Bessière de Saint-Mary, en Gévaudan, et celles de l’Auvergne qui les avoisinent, Antoine a cru devoir commencer par s’établir avec ses gardes sur ces deux premières paroisses. En conséquence, il s’est placé au lieu de Sauzet, paroisse de Ventuejols, et il a distribué ses gardes deux à deux dans les villages des deux paroisses, où la Bête se fait voir le plus fréquemment. Je leur ai procuré le logement chez les habitants, qui les ont reçus d’autant plus volontiers que ces gardes paraissent de fort honnêtes gens et qu’ils payent bien tout ce qui leur est fourni. Ils sont eux-mêmes bien payés aux frais du Roi, ayant chacun cent sols par jour.

« M. Antoine vit à son passage au Malzieu, MM. Denneval. Il chassa avec eux, le dimanche 23 juin, dans la battue qu’ils firent faire ce jour-là, et se rendit à Saugues, où MM. d’Enneval vinrent le rejoindre le lendemain de son arrivée, ils furent s’établir avec lui à Sauzet. M. Antoine n’approuve pas les battues. Il croit plus à propos de faire poster les gardes et les bons tireurs des paroisses dans des affûts de deux à deux au soleil couché et pendant toute la nuit, de s’y poster lui-même et d’y passer pareillement la nuit. Durant le jour, il veut placer ses gardes et des bons tireurs aux passages principaux de la Bête. M. Denneval, qui du temps de M. Duhamel n’était point d’avis des battues et qui ensuite en a ordonné et fait exécuter un grand nombre, veut les continuer. Il est cependant convenu avec M. Antoine de ne point en faire à deux lieues des endroits que M. Antoine occupe avec ses gardes ou qu’il occupera dans la suite. Celui-ci lui ayant représenté qu’elles dérangeraient toutes ses mesures. M. Antoine cherche beaucoup à se concer-