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« Il sera par nous pourvu au payement des journées desdits mulets ou chevaux sur les états qui nous en seront remis par les consuls, avec le certificat au bas dudit Antoine…

« Fait à Clermont, le 16 juin 1765[1]. »


En outre des chevaux et autres moyens de transport, M. Antoine réclamait « douze douzaines de pétards pour être distribués aux gardes et tirés dans les bois, afin d’épouvanter la Bête et l’en faire sortir, et vingt lances emmanchées, suivant le modèle qu’il avait porté, pour être mises entre les mains des païsans les plus vigoureux et les plus sages des paroisses commandées pour les chasses[2]. »

M. Antoine vint mettre pied à terre au Malzieu, le samedi 22 juin. Le lendemain, il assistait à la chasse faite dans les bois de Venteuges où on lui montrait les restes d’une victime dévorée, puis de là venait s’installer à Saugues où M. Lafont allait le rejoindre pour passer sept jours avec lui.

Un homme bien dévoué à son pays que ce M. Lafont, le syndic du diocèse de Mende ! Il était l’âme de cette longue campagne menée contre la Bête. On le trouve partout, il prévoit tout et dispose toutes choses pour assurer le succès. C’est lui qui est chargé de toutes les enquêtes, et c’est à lui que s’adressent les récriminations et les plaintes. C’est lui le pacificateur complaisant des querelles et des brouilles que suscite la jalousie, le conciliateur patient des adversaires irréductibles. Il est infatigable : il assiste aux chasses, vient vérifier les méfaits annoncés, écrit des relations très détaillées et entretient avec les Intendants une correspondance incessante qui jette aujourd’hui la plus vive lumière sur les faits accomplis. On ne comprend pas comment il pouvait suffire à tout. En un mot, c’est lui qui fit le plus, et c’est lui qui retira le moins de gloire.

Le 2 juillet il rend compte ainsi qu’il suit de l’arrivée et des dispositions prises par M. Antoine :


« Je me suis rendu auprès de M. Antoine ainsi que j’ai eu

  1. Ibid. C. 1734.
  2. Ibid. C. 1734.