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dégager, et elle en fut quitte pour un coup d’ongle à l’épolle gauche. Elle voulut plus loin se jeter sur une jeune fille qui gardoit les cochons, mais ces animaux la secoururent (?) de même que sa mère qui étoit heureusement à sa portée. La Bête s’est ensuite réfugiée dans les bois de Lorcières[1]. »

Nos lecteurs nous pardonneront ces longueurs monotones et ce récit fastidieux des attaques et des carnages de la Bête. Celle-ci ne variait pas ses exploits dont l’histoire, par suite, ne peut être qu’uniforme et tristement monotone.

Enfin, comme de nouvelles victimes étaient signalées au Mazet et à Saint-Privat du Fau, une chasse énergique avait, en conséquence, été donnée au monstre, pendant les journées du 8, 10, 12 et 13 juin.

La chasse du 12, faite en partie en Auvergne, est ainsi racontée par M. d’Enneval, dans une lettre à M. Lafont :


« Monsieur, nous fîmes partir, le 11 au soir, nos gens et nos chiens pour aller coucher à Paulhac, afin de faire le lendemain matin une quête plus ample. Et nous nous rendîmes à six heures, à la chapelle de Beaulieu, dans la Margeride, rendez-vous indiqué, où nos gens nous firent rapporter qu’ils avoient connaissance d’un animal qu’ils soupçonnoient être la Bête et qu’ils l’avoient suivie à traces de limiers par les bois du Besset, en Auvergne, jusqu’à la rivière qu’ils ne purent passer ; et l’heure avançant ils tinrent conseil pour s’en revenir au rendez-vous. Sur le champ nous renvoyons les gens à pied de la communauté de Saint-Pierre-le-Vieux et de Prunières et nous gardâmes environ trente tireurs à cheval, avec lesquels nous nous mîmes à la poursuite. Passant par la Vachelerie, on nous rapporta qu’un paysan l’a vue à la pointe du jour derrière une petite muraille. Nous l’envoyâmes chercher, il nous confirma le fait et me mena à l’endroit et il me dit que la Bête avoit prit la fuite à son approche, la tête tournée du côté du bois de la Molle. Nous continuâmes à y marcher, de là, à Diége. Nous traversâmes les bois du Favard, ceux du Besset et nous passâmes la rivière près du château de Sarlonges (sic). Là, on nous rapporte que sur

  1. Ibid. C. 1733.