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Quelques jours après (14 mai 1765), il suggérait encore un nouveau procédé :


« Voici un autre que si vous le faites mettre à exécution, il est certain qu’il réussira.

« C’est de faire un rond qui contienne six ou sept tireurs dans lequel les hommes soient assis, ayant les jambes enfoncées dans le trou du rond. Le tablier cachera leurs habits, et dans le milieu dudit, y mettre quatre ou cinq enfants qui chantent, dansent et jouent à la manière des enfants de la campagne. Par ce moyen il ne pourra arriver aucun danger auxdits enfants étant sous la garde des tireurs qui seront rangés en rond[1]. »


Une cinquième méthode n’était pas moins naïve :


… « M. de Saint-Priest a envoyé un projet de détruire cette beste, il l’a reçu de M. le Controlleur général, c’est un curé du dioçaise de Reims qui lui en a fait part. Il prétend d’abord que c’est un chat-tigre à qui il fait passer les mers venant du Metzig ; il dit qu’il faut exposer des veaux d’un an dans les forêts, bois ou pleinnes, tous vivants, leur mettre du poison sur le dos… »


M. d’Enneval dans une lettre promet de faire l’essai de cette méthode[2].

Si la communication de ces inventions diverses, avait pour mobile, en majeure partie, l’espoir du lucre, quelquefois cependant, elle partait d’un meilleur naturel et d’un sentiment de compassion non déguisée : « Le curé de Bouconville, J. Bourgeois, qui suggérait le dernier procédé, s’exprimait ainsi : « Le désir de voir le Languedoc bientôt délivré de cet animal redoutable, est le seul motif qui m’a porté à prendre la liberté de vous faire cette lettre, espérant que vous voudrez bien la recevoir comme le témoignage d’un zèle patriotique. »

Les chasseurs, eux, y mettaient, en général, moins de réserve et moins de désintéressement. Ils ne pouvaient apercevoir la Bête et lui tirer un coup de fusil, sans faire une relation grossie

  1. Ibid.
  2. Archiv. du P.-de-D. C. 1732. Lettre de M. d’Enneval.