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« M. le comte de Morangiès qui demeure à demi-lieue de Mialanette, accourut avec les gens de sa maison dès qu’il fut informé de l’accident. M. Duhamel s’y rendit dans le même temps, ils firent tendre des pièges ; on laissa le cadavre exposé à l’endroit où on l’avait trouvé, et M. Duhamel embusqua des dragons dans le voisinage et à la portée du fusil. Le lendemain dimanche, nous fîmes la chasse ordonnée sur les dix-sept paroisses, dont les habitants guidés par leurs seigneurs ou leurs consuls vinrent tous aboutir, en chassant, au lieu dont nous étions convenu. Il se trouva au point de réunion plus de deux mille personnes. Le terroir de Mialanette était dans l’enceinte de cette chasse. L’on battit longtemps les bois, le pays était couvert de neige. L’on n’aperçut nulle part aucune trace…

« Le lendemain lundi, l’on fit la chasse générale dans le même ordre que celle du jeudi, quoique le temps fut cruel, qu’il tombât beaucoup de neige, et que le vent fut des plus violents. L’on chassa depuis le matin jusqu’à la nuit, ce fut encore infructueusement. La Bête ne fut vue nulle part…

« Les deux chasses générales et particulières se sont faites dans le plus grand ordre. Il n’est arrivé aucune sorte d’accident quoiqu’il y eût environ vingt mille hommes en mouvement. Les seigneurs du pays les plus qualifiés ont été les premiers à donner l’exemple : M. le comte de Morangiès et M. son frère ; M. le comte d’Apchier et son fils, M. le comte de Saint-Paul et autres étaient à la tête des gens de leurs terres…

« On n’a aperçu que quatre loups à toutes ces chasses et il y en a eu un de tué le lundi[1]. »


Dans la région d’Auvergne la chasse n’avait été ni plus facile ni plus fructueuse :


« M. le comte d’Apchier, M. le prieur de la maison de Pébrac ont fait une autre chasse le même jour, sur les frontières de Gévaudan, et dans les bois qui avoisinent les paroisses de Charaix, Pébrac, Chazelles et Desges qui sont toutes placées sur les limittes de cette province[2]. »

  1. Archiv. de l’Hérault. Pourcher, p. 209, et suiv.
  2. Lettre de M. Marie à Langeac. Archiv. du P.-de-D. C. 1732.