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pensé dévorer une fille qui lavoit du linge au ruisseau de Montchamp, et on soupçonne qu’elle a tué une jeune fille qu’on ne retrouve plus à la paroisse de Lorcières, on craint même qu’après en avoir dévoré partie, elle n’ait enterré le reste du corps, comme elle avoit fait le 22 janvier de la femme du nommé Chabannes.

« Le 7 de ce mois, j’ai recommandé une chasse générale, dans les paroisses des deux subdélégations qui environnent les lieux où cette Bête a paru, et j’espère tout du zèle avec lequel s’y portent les gentilshommes et les habitants de ces paroisses[1]. »


Dans un premier placard affiché pour annoncer la récompense promise, M. de Ballainvilliers ordonnait les mesures suivantes :


« Article premier. — Un nombre suffisant d’habitants des paroisses de notre généralité, qui sont exposées aux incursions de la Bête féroce, seront tenus aux premiers ordres qu’ils recevront de notre part par nos subdélégués, de se transporter armés, de la façon qu’il sera ci-après expliqué, dans les lieux qui seront indiqués pour donner la chasse audit animal.

« Art. II. — Ces habitants seront armés, les uns de baïonnettes et fusils chargés de lingots, les autres de sabres, d’autres de fusils et de sabres ; et enfin, ceux qui n’auront pas la facilité de se procurer ces sortes d’armes seront armés de fourches de fer, de piques et autres armes offensives.

« Art. III. — Ordonnons qu’il sera placé, dans les villages les plus exposés, deux hommes armés en état de défense pour combattre la Bête féroce en cas que par l’effet de la chasse elle vienne à se jeter dans ces villages.

« Art. IV. — Pour parvenir à faire tomber la Bête féroce dans les embuscades qui lui seront tendues, ordonnons qu’il sera commandé par nos subdélégués un certain nombre de chasseurs bien armés à l’effet de battre la campagne et les bois, se porter en avant et chasser la Bête.

« Art. V. — Lorsque les dits habitants se seront transportés au lieu et à l’heure indiqués par notre subdélégué, il sera néces-

  1. Ibid. 1731. Doc. inéd.