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Lastiq, et que, malgré les chasses journalières que l’on fait pour la détruire, il n’est pas possible de la joindre[1]. »


Que faisait donc pendant ce temps-là M. Duhamel ? M. Duhamel n’était informé que tardivement des événements arrivés ; aussi, dans une lettre du 25 janvier, il se plaignait amèrement contre M. de Montluc, le subdélégué de Saint-Flour, de ce qu’il ne l’avait point averti du retour de la Bête en Auvergne, ni des ravages qu’elle y avait commis, et qu’il venait d’apprendre ; c’est pourquoi il s’y rendait en toute hâte avec ses dragons.


« Un consul du village de Julliange, en Gévaudan, vint m’avertir que la veille, une femme du village de Chabanole, de la généralité d’Auvergne, qui n’est qu’à une demi-lieue du Gévaudan, avoit été attaquée et dévorée par la Bête féroce… Je m’y portai sur le champ, mais le cadavre étoit déjà enlevé et enterré.

« Je fis battre également tous les bois jusqu’à Saint-Flour, où je vins coucher pour marquer à M. de Montluc la surprise où j’étois de différents événements arrivés dans son département sans en avoir la moindre nouvelle.

« Je ne trouvai pas M. de Montluc[1]. »


Celui-ci, pour se défendre du retard dont on l’incriminait, expliquait que les passages du loup étaient si rapides qu’il lui était impossible d’obtenir et de donner, en temps voulu, des renseignements précis.

Cependant la Cour, que de fréquents messages tenaient au courant de la situation, s’était émue de la continuité de ces malheurs et de l’insuccès des efforts faits jusqu’ici.

Il fallait tenter un grand coup, et par l’appât d’une grosse récompense stimuler les ardeurs et les courages et mettre enfin un terme à tous ces maux.

Le 27 janvier, le Contrôleur général, M. de l’Averdy, invite M. de Ballainvilliers « à faire afficher en Auvergne, ainsi qu’on va le faire en Languedoc, que le Roy accorde une somme

  1. a et b Ibid., C. 1731. Doc. inéd.